10 sur 10 – Récapitulation de l’équité des genres à Tokyo 2020

Malgré les incertitudes entourant les Jeux de Tokyo 2020, les athlètes olympiques du Canada sont repartis avec un total de 24 médailles : 7 d’or, 6 d’argent et 11 de bronze. Ils et elles ont établi un nouveau record national de médailles pour des Jeux d’été non boycottés. Sur ces 24 médailles, les femmes canadiennes en ont remporté 18. Peu après les Jeux olympiques, les athlètes paralympiques du Canada ont remporté 21 médailles : 5 d’or, 10 d’argent et 6 de bronze. Les femmes ayant un handicap ont remporté 11 médailles.

Entre le nombre de médailles et les compétitions inspirantes, une chose est claire : les femmes ont dominé et continuent de dominer le terrain de jeu malgré les obstacles au sport.

Pour célébrer les réalisations des Canadiennes et mettre en lumière certaines des inégalités auxquelles elles sont confrontées dans le cadre de leur expérience olympique, nous avons dressé la liste des dix meilleurs moments des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020.

Kim Kyung-Hoon/Reuters

10. Danielle Dorris devient la plus jeune médaillée paralympique et bat le record du monde (encore)

La nageuse néo-brunswickoise Danielle Dorris, âgée de 18 ans, a remporté l’or et l’argent au 50 mètres papillon et au 100 mètres dos, devenant ainsi la plus jeune athlète paralympique à remporter des médailles. Elle a également battu le record du monde du 50 mètres papillon non pas une, mais deux fois dans la même journée!

Les Jeux paralympiques sont confrontés à l’incertitude pour la deuxième fois lors des derniers Jeux

De nombreux athlètes paralympiques craignaient qu’une épidémie de COVID-19 pendant les Jeux olympiques ne mette complètement leurs Jeux sur la touche.[26] Ce n’est pas la première fois que les Jeux paralympiques risquent d’être annulés en raison de problèmes liés aux Jeux olympiques. Lors des Jeux paralympiques de 2016 à Rio, après avoir subi d’importantes coupes budgétaires, les Jeux ont failli être complètement annulés. Grâce à une subvention gouvernementale de 56 millions de livres sterling, les Jeux se sont poursuivis à une capacité réduite.[27]

Ryan Remiorz/CP

9. Aurélie Rivard remporte cinq médailles aux Jeux paralympiques

La nageuse canadienne Aurélie Rivard a remporté deux médailles d’or, une d’argent et deux de bronze à Tokyo. La Québécoise détient maintenant un total de 10 médailles paralympiques. Bien qu’elle n’ait pas pu s’entraîner pendant 18 mois en raison de la pandémie de COVID-19, Rivard a réussi à remporter 23 % des médailles du Canada aux Jeux paralympiques et à battre son propre record du monde de cinq secondes!

Manque de couverture médiatique pour les athlètes paralympiques

Les athlètes paralympiques et de parasport ne bénéficient pas de la même couverture, du même parrainage ou des mêmes possibilités de reconnaissance que les athlètes olympiques. Selon un sondage effectué en 2016, seulement 52 % des Canadiens étaient familiers avec les Jeux paralympiques.[24] Pour le téléspectateur moyen, les Jeux paralympiques sont la seule occasion de voir ce sport et ces athlètes. Bien qu’il reste du chemin à parcourir pour obtenir une plus grande couverture, cette année, un nombre

record de 200 heures ont été consacrées aux Jeux paralympiques sur les plateformes de télévision et de diffusion en direct de CBC/Radio-Canada, AMI et Sportsnet, ainsi que sur les partenaires numériques Twitter, Facebook et MXZN.[25]

Christian Petersen/Getty Images/File

8. Mandy Bujold et Kim Gaucher défendent la cause des mamans

La grossesse, le post-partum et l’allaitement sont devenus des sujets brûlants pour les femmes dans le sport pendant ces Jeux olympiques. La boxeuse canadienne Mandy Bujold, très bien classée, n’était initialement pas admissible à la compétition à Tokyo 2020 parce qu’elle ne répondait pas aux critères de qualification en raison de sa grossesse. [21] Bujold a contesté cette décision devant les tribunaux et a gagné. Le tribunal a statué que les décisions de qualification du groupe de travail international de boxe olympique devaient inclure un aménagement pour les femmes enceintes ou en période de post-partum pendant la période de qualification. Cette victoire historique pour Bujold a constitué un grand pas en avant pour les femmes et l’équité entre les genres dans le sport. Bujold n’était pas la seule maman à se battre pour ses droits pendant les Jeux. La joueuse de basketball canadienne Kim Gaucher a également joué un rôle important dans la défense de l’équité entre les genres après avoir convaincu le CIO de permettre aux personnes qui allaitent d’amener leurs enfants à Tokyo, malgré la règle de l’interdiction aux spectateurs et aux membres de la famille en raison de la COVID-19.[22]

Grossesse et obstacle à la pratique sportive

Les histoires de Bujold et de Gacuhers illustrent le fait qu’il ne suffit pas de permettre et de créer un espace pour que les femmes puissent participer au sport. Les femmes sont confrontées à une longue liste d’obstacles à la pratique du sport. Il est essentiel que les principaux comités sportifs du monde tiennent compte de la dimension de genre dans l’élaboration des politiques relatives aux compétitions internationales.

Canada celebrates after winning the bronze medal
Mark Blinch/COC

7. Les Canadiennes entrent dans l’histoire du softball olympique en remportant une médaille de bronze

La victoire de l’équipe féminine de softball du Canada marque la première médaille du pays dans ce sport. Le Canada étant l’un des quatre pays à s’être qualifié pour les cinq tournois olympiques avec le Japon, les États-Unis et l’Australie, il n’est pas surprenant que l’équipe ait été favorite pour une médaille.[18]

Les femmes sont toujours sous-représentées dans les rôles d’entraîneurs et de techniciens

Les données des Jeux olympiques de Tokyo montrent que seuls 13 % des entraîneurs et 30,5 % des officiels techniques se sont identifiés comme des femmes.2 S’il est important d’avoir des jeux équilibrés sur le plan des genres pour assurer l’équité entre les genres dans le sport, il est tout aussi important d’avoir plus de femmes dans les postes d’entraîneur et de dirigeant. Félicitations à l’équipe canadienne de softball, où les femmes représentent 50 % du personnel entraîneur d’encadrement de quatre personnes pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020.[3]

Dave Holland/Canadian Paralympic Committee

6. L’athlète paralympique Marissa Papaconstantinou remporte sa première médaille olympique tout en battant son record personnel

La jeune femme de 21 ans, originaire de Toronto, a remporté la médaille de bronze dans le sprint de 100 m T64 féminin malgré une récente série de blessures. En demi-finale, Papaconstantinou a battu son record personnel avec un temps de 59,98, puis a remporté le bronze en finale.

Le manque de couverture médiatique des athlètes féminines reste un problème majeur

Seulement 4 % de la couverture médiatique sportive en dehors du calendrier olympique est consacrée aux sports féminins.1 C’est encore moins pour le parasport. Lorsqu’il n’y a pas d’offre, il est difficile de cultiver la demande. Avec les récents succès que nous constatons dans les sports et les compétitions féminines, il incombe aux entreprises médiatiques de promouvoir activement, d’offrir et de défendre le sport féminin au Canada, et pas seulement tous les deux ans pour les Jeux olympiques et paralympiques.

Thomas Peter/Reuters

5. Les athlètes olympiques et paralympiques dominent en judo

Trois athlètes canadiennes de judo ont remporté des médailles en 2020 : Jessica Klimkait, médaille de bronze dans l’épreuve des 57 kg; Catherine Beauchemin-Pinard, médaille de bronze dans l’épreuve des moins de 63 kg; Priscilla Gagné, porte-drapeau paralympique, qui est devenue la première Canadienne à remporter une médaille en para-judo en décrochant l’argent dans l’épreuve des 52 kg. Le judo a sans aucun doute été mis sur la carte grâce à la domination de ces femmes à Tokyo.

Les athlètes féminines, y compris celles du judo, sont confrontées à de nombreuses formes de sexisme aux Jeux olympiques

Selon le rapport #RespectHerGame sur la couverture des Jeux olympiques d’été de Tokyo, les athlètes féminines sont :

  • deux tiers plus susceptibles de porter des tenues révélatrices en compétition que la moitié des hommes (69,9 % contre 53,5 %);
  • 10 fois plus susceptibles que les hommes d’être objectivées par les angles de caméra (5,7% contre 0,6%);
  • 7 fois plus susceptibles d’être désignées par un langage diminutif de genre (tel que « fille » ou « dame » ou « nana ») que leur homologue dans les sports masculins.[16]
PHOTO BY YARA NARDI /REUTERS

4. Katie Vincent et Laurence Vincent-Lapointe entrent dans l’histoire du canoë féminin

Avant Tokyo 2020, le canoë était une discipline exclusivement masculine.[13] Le couple de femmes Vincent et Vincent-Lapointe a remporté le bronze dans la finale du 500 mètres en C-2, marquant ainsi les débuts du canoë féminin aux Jeux olympiques [14].

Tokyo 2020 marque la première fois que les Jeux olympiques proposent des épreuves de canoë pour les femmes

Le canoë a été officiellement intronisé aux Jeux de Berlin en 1936 [15]. 84 ans plus tard, les femmes ont enfin accès à la compétition en canoë au niveau olympique. Grâce aux efforts de nombreuses femmes pionnières et alliées qui militent depuis longtemps pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques, ce changement démontre qu’avec suffisamment de voix, le changement est possible.

AP Photo/Fernando Vergara

3. La joueuse de soccer canadienne Quinn devient la première athlète ouvertement transgenre et non binaire à remporter une médaille olympique

Les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 ont marqué un nombre record d’athlètes 2SLGBTQ+ avec 185[9] athlètes olympiques et 28[10] athlètes paralympiques. La joueuse de milieu de terrain de soccer féminin Quinn est devenue la première athlète transgenre et non binaire à remporter une médaille olympique.[11] Pour les jeunes transgenres et non binaires qui cherchent à faire du sport, Quinn est un exemple de ce qui est possible.

Les athlètes trans et non binaires font face à des obstacles majeurs à la participation au sport

Il y a encore beaucoup de débats au sein des systèmes sportifs canadien et international sur les règlements concernant les athlètes trans et non binaires. De la base à la haute performance, de nombreux sports sont encore aux prises avec la façon d’intégrer ces athlètes. Aux Jeux de Tokyo 2020, par exemple, les règlements de l’athlétisme mondial ont interdit à la coureuse sud-africaine de 800 mètres, Caster Semenya, de participer aux compétitions en raison de ce qu’ils appellent des différences dans le développement sexuel[12].

*Conformément à la législation actuelle sur les droits de la personne et à l’engagement continu de Femmes et sport au Canada à réaliser l’équité pour les filles et les femmes, Femmes et sport au Canada appuie la pleine participation de tous les individus au sport et à l’activité physique dans le genre auquel ils et elles s’identifient. Pour en savoir plus, lisez notre énoncé de position – Inclusion des participants transgenres dans le sport.

FRANK GUNN/CANADIAN PRESS

2. Penny Oleksiak devient l’athlète olympique du Canada aux Jeux d’été la plus décorée de tous les temps

En montant sur le podium dans trois épreuves de natation à Tokyo, Penny Oleksiak a remporté sa septième médaille olympique. Alors que 3,12 millions de personnes regardaient les 100 derniers mètres du relais 4 x 100 m quatre nages féminin, Penny Oleksiak a permis à l’équipe canadienne de remporter une médaille de bronze, consolidant ainsi sa place dans l’histoire du sport canadien en tant qu’athlète olympique d’été la plus décorée de tous les temps.[3] Cette course a également été le deuxième événement le plus regardé des Jeux olympiques.

Les nageurs et les femmes sont toujours victimes de discrimination pour ce qu’ils portent

Le Soul Cap, un bonnet de bain extra-large créé pour les nageurs qui luttent avec leurs cheveux[4], a été interdit aux Jeux de Tokyo 2020. Selon la Fédération internationale de natation, les bonnets ne s’adaptent pas « à la forme naturelle de la tête ».[5] Non seulement cela affecte les athlètes de haut niveau et contribue à l’exclusion de la diversité dans le sport, mais, selon Chantique Carey-Payne, entraîneur en chef de l’équipe de natation de l’Université de Guelph, cela affectera les nageurs canadiens dès l’âge de 10 ans lors des compétitions.[6]

AP Photo/Fernando Vergara

1. L’équipe féminine de soccer du Canada remporte l’or

Qu’il s’agisse du match pour la médaille d’or, qui était à couper le souffle, ou des années de travail et d’efforts qui ont mené à ce moment, la victoire de l’équipe féminine de soccer du Canada a été l’un des événements les plus passionnants des Jeux. Après deux médailles de bronze aux Jeux de Londres en 2012 et de Rio en 2016, le Canada avait soif d’or en 2020. De plus, grâce à cette victoire, la Canadienne Christine Sinclair, la plus grande buteuse internationale de tous les temps, a enfin pu ajouter une médaille d’or à sa carrière légendaire. Aucune ligue professionnelle au Canada.

Actuellement, il n’existe pas de ligue professionnelle de soccer au Canada permettant aux femmes de jouer toute l’année.

Seize des 18 joueuses de la liste olympique de 2020 jouent professionnellement à l’étranger.[1] Plus de 4,4 millions de personnes ont regardé le match pour la médaille d’or[2], ce qui prouve qu’il y a un intérêt et un public pour voir les meilleures femmes du monde jouer au niveau domestique toute l’année.